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Catégorie : Actualités
 

[Interview] Décoder le numérique avec le codage informatique

Par Adélaïde Fleury – Le 18 octobre 2018

Gaëlle Madelin-Girardeau, co-fondatrice de Cood, était l’invité de France 3 pour l’émission 9h50 Le Matin le 17 Octobre 2018 pour échanger sur la place du codage informatique à l’école, souvent encore perçu comme une compétence réservée aux « geeks ».

Qu’est-ce que le codage ?

Sur la plateforme Cood, nous enseignons à décoder le monde numérique, et pas seulement à faire du codage car pour nous, le codage, c’est presque déjà l’ancien monde.

Nous sommes plutôt aux avant-postes et nous cherchons à parler du monde de demain. Apprendre aux enfants à vivre dans le monde d’hier est absurde, mais leur apprendre à vivre dans le monde d’aujourd’hui est tout aussi absurde puisqu’eux vont vivre dans le monde de demain !

Avec Cood, nous leur apprenons à programmer, pas comme une fin en soit, mais comme un vecteur d’apprentissage de nouvelles aptitudes : pour développer leur créativité, apprendre à travailler à plusieurs en projets, apprendre à penser autrement et à remettre en question les outils numériques que nous leur donnons dans les mains… Aujourd’hui, la source de vérité pour ces enfants, c’est les moteurs de recherche : on pose une question et on a l’impression que la vérité vient forcément de là. Mais cela dépend du développeur, de la personne qui a programmé l’algorithme de départ. C’est ce que nous voulons leur apprendre aussi : apprendre à penser différemment, en programmant.

Au-delà de la programmation, nous parlons d’éducation au numérique dans sa globalité, c’est-à-dire de notions comme savoir chercher en ligne, se protéger, savoir créer un bon mot de passe… Tout ça par une pédagogie par le jeu : nous n’allons pas leur dire « ça c’est bien », « ça c’est pas bien »…

Pourquoi le nom Cood ?

Cood est la contraction des mots « Cool » et « Good » : lorsque les adolescents américains veulent parler de quelque chose qui est sympa et bien, ils utilisent le mot « cood ». 

Cood, c’est « cool » parce que nous reprenons les codes des enfants : le jeu. Et c’est « good » parce que nous sommes bienveillant et leur apprenons quelque chose d’utile.

4 ans, n’est-ce pas trop tôt pour mettre un enfant devant un écran ?

Lorsque nous parlons d’une plateforme pour les 4 à 17 ans, nous ne nous adressons pas directement à l’enfant de 4 ans. Elle est à destination des enfants, mais aussi des enseignants et des parents. Notre priorité d’ailleurs actuellement est de former les enseignants parce que le but de notre plateforme est d’être à l’école. 

Pourquoi à l’école ? Parce que cela permet vraiment de proposer une éducation au numérique pour tous et de ne pas recréer une fracture en ne la rendant accessible qu’à certains. Donc il faut que cela se passe à l’école, et avec les enseignants, car ce sont eux qui sont capables de transmettre les savoirs.

Les enseignants ont une façon d’enseigner et de transmettre encore proche de ce que vous appelez « l’ancien monde ». Comment comptez-vous vous adressez à eux ?

Exactement, c’est pour ça que nous commençons par former les enseignants.  Nous leur donnons accès directement à la plateforme : nos premiers enseignants bêtatesteurs viennent d’ailleurs de se lancer dessus.

Nous créons tout un lot de formation en ligne pour les enseignants. Et à partir des vacances de la Toussaint, nous avons créé un partenariat avec le Réseau Canopé, qui fait parti du Ministère de l’Education, et qui gère toute la formation des enseignants. Ils vont les former dans leurs « Espaces Canopé », répartis dans toute la France, dans les librairies Canopé. Le 15 décembre par exemple en Ile-de-France, rue du four à Paris, nous allons animer notre premier atelier en présentiel avec les enseignants pour qu’ils puissent appréhender la plateforme et surtout, la culture du numérique.

La plateforme n’est pas juste un outil : nous allons leur donner des ressources, des modèles, des mini-jeux que nous avons déjà créé avec nos ingénieurs pédagogiques et qu’ils vont pouvoir utiliser de manière clé-en-main dans la classe. Et nous leur offrons également une formation sur les outils pour qu’ils puissent à leur tour personnaliser ces jeux ou même recréer leur propre scénario pédagogique s’ils veulent l’adapter en fonction de leur classe. Et c’est ça qui est important aujourd’hui !

La programmation est-elle désormais obligatoire au Brevet ?

Effectivement, c’est obligatoire à partir du collège, en 5ème, depuis fin 2015. En effet, cette année aura lieu le premier brevet des collèges avec une épreuve sur les compétences numérique au travers de Pix, qui est l’ancien B2I : l’ancien brevet informatique. A partir de l’année prochaine, via une réforme du Bac, il y aura une matière à part entière également en 2nde sur l’éducation au numérique en tant que telle.

C’est une très belle avancée car cela veut dire que l’on comprend effectivement que c’est un enjeu sociétal et que si on ne va pas au devant de cet enjeu, on risque de graves problèmes.

On parle de problématiques d’employabilité pour nos enfants parce que cela veut dire qu’ils ne seront pas aptes demain à avoir les compétences de ces métiers qui n’existent pas encore. Mais aussi des problématiques de citoyenneté : quand on ne sait pas chercher en ligne, faire la différence entre les différentes sources, cela peut créer des problèmes de démocratie. Et cela peut créer des problématiques d’identité car c’est des enfants de plus en plus jeunes qui commencent à mettre toute leur vie en ligne, voir c’est les parents qui mettent la vie de leurs enfants en ligne avant eux….

Vous souhaitez découvrir comment utiliser la programmation d’un jeu vidéo en classe avec Cood Studio ?

Pour plus d’informations, contactez-nous sur info@cood.fr.

Est-ce que la première des compétences à leur apprendre, ce ne serait pas de prendre du recul, d’être actif face à l’écran et non passif ?

C’est exactement ça. Encore une fois, la programmation est un vecteur : nous allons leur proposer de créer des jeux, et nous allons créer des jeux sur ces thématiques.

Nous allons par exemple créer un jeu de détective pour chercher en ligne des informations, trouver des empreintes, etc. Typiquement, sur la semaine de l’éducation qui a lieu fin novembre avec vos confrères de France TV Education, nous allons mettre en place un atelier sur une journée. Nous allons créer un petit jeu où je suis un journaliste qui part en enquête et je vais devoir chercher en ligne, trouver des sources, les trier, la déontologie des journalistes… Les enfants vont apprendre tout ça en programmant leur petit jeu : ils vont faire les deux à la fois. Ils vont apprendre tout en jouant et en programmant, en découvrant ces connaissances par eux-mêmes plutôt qu’en leur disant « ça ne le fait pas » ou « fait le ». Ils vont découvrir tout seul car c’est eux qui vont devoir créer ce jeu.

L’abonnement chez Cood est à 4€ par mois, est-ce justement pour éviter une fracture économique en plus de la fracture digitale ?

Ce qu’il se passe c’est que nous distribuons d’abord la plateforme gratuitement dans les écoles pour que les enseignants puissent vraiment l’utiliser à l’école et qu’il n’y ait réellement aucune fracture. A la maison, si les parents veulent reprendre un abonnement derrière, ils le pourront. 

Sachant qu’au-delà de ça, nous mettons à disposition l’outil aux enseignants pour qu’ils puissent créer leurs propres scénarios pédagogiques. Nous voulons vraiment valoriser la production des enseignants et la mettre à disposition de tous car c’est surtout eux qui sont clés. Nous sommes un plateforme mais la valeur ajouter vient de l’humain.

Vous êtes une ancienne de Google et de Microsoft. C’est justement parce que vous les connaissez si bien qu’il faut éduquer les enfants à leurs dangers ?

C’est exactement ça. J’ai travaillé chez Microsoft, et chez Google, j’en connais effectivement l’envers du décor. J’en vois les formidables opportunités que cela crée, parce qu’on est quand même tous bien content de pouvoir se géolocaliser, de  pouvoir discuter, d’être ouverts sur le monde : il faut aussi savoir l’utiliser parce que tout le monde ne sait pas l’utiliser.

Mais il faut en effet savoir se protéger des dangers et des dérives. C’est toutes les questions d’usages : on apprend à nos enfants à traverser la rue, à ne pas parler aux inconnus dans la rue, c’est pareil sur le monde du numérique.